15 november 2007

LA VIE EN PROSE


Il se cueille un exemplaire de la pile. Fait glisser l’index droit sur les pages d’Alabama Song. Gilles Leroy. Prix Goncourt 2007.
(A voir sur le site du Nouvelobs).
Comme moi, il a du lire 'Quelques jours chez ma mère’ de François Weyergans. Très beau. Comme moi, il a dévoré ‘Les Bienveillantes’ de Jonathan Littell. Insoutenable. Et bien avant encore, ‘Le Testament Français’ de Makine. L’homme qui logait au Père Lachaise. Magnifique. Il y a longtemps déjà, croquant comme un croissant: ‘Les Champs d’honneur’ de Jean Rouaud. Sublime. Jamais, il lui dit à elle, jamais un Goncourt n’a décu l'omnivore en lui.

‘Oui, mais avec cet éternel jeu des grandes maisons d’édition...On le dit médiocre, cet Alabama Song. L’histoire de cette folle de Zelda avec son Scott(ch) Fitzgerald de mari on s’en passera. Va plutôt pour Daniel Pennac .’
Il hésite. Tout y passe.

Le Renaudot. Pennac.
Le Fémina. Fottorino.
L’Interallié. Ono dit Biot.
Le Médicis. Hatzfeld.
Le Flore. Nothomb.

‘Ha Nothomb! J’ai adoré son Hygiène de l’assassin’.
‘Moi par contre j’ai détesté ses Stupeurs et tremblements’.
‘Inoubliable de drôlerie pourtant.’

Elle lui suggère Geneviève Brissac. Marie Desplechin. Anna Gavalda. Nancy Huston. Virginie Despentes .

‘Ha oui, parfait. Despentes! ‘Baise-moi’ qu’il lui lance. Le regard affamé.

‘Christine Angot?’
‘Ecriture psychanalytique.’
‘Annie Ernaux?’
‘Flots de mots automatiques. La plume en bistouri.’
‘Et ton Pennac? Des mémoires de cancre.’

Je les laisse à leurs hésitations, jette un coup d'oeil au rayon ‘Littérature de Terroir’, m’accroche à Colette Cambier:
‘Le jeudi à Ostende’.

Bizarre, cette attirance pour Ostende. Déjà Ensor, Marvin Gaye, Hugo Claus, Raveel, Arno, Alain Bashung et puis...

‘La Plage d’Ostende’, petit chef d’oeuvre de Geneviève Harpmann. Puis maintenant elle récidive avec: ‘Du côté d’Ostende’.

Et voilà que ce merveilleux Eric-Emmanuel Smitt (‘Oscar et la dame Rose’, ‘Monsieur Ibrahim’) s’y met à son tour: ‘Le rêve d’Ostende’.

Je cherche ‘Mondo et autres histoires’ de JMG Le Clézio.

(La raison en est que ce livre me promet s'apparenter à JD.Salinger. Et tout ce qui touche de loin ou de près à L'Attrape-Coeur me le fend, ce coeur).

Je passe sur le nouveau Modiano. J’ai pourtant beaucoup aimé son ‘Secret de famille’, puis ‘Pédigrée’. Je relouque la Correspondance attendue pour bientôt de Jack Kerouac (mais trop volumineux, trop cher ).

En fin de parcours je m’offre les mémoires de Philippe Sollers au rayon philosophie.
(Va savoir pourquoi. Probablement à cause de Julia Kristeva, épouse du ‘grand méchant loup des lettres Francaises’).

Sollers, cet amoureux de Vénise, s’avère être un vrai cadeau. A savourer comme un espresso au Florian, Place San Marco.

Page 151: ‘Il y a un Beau, un Bon, un vertueux exotique, Le Clézio, et un Méchant, moi.’

Au retour je vérifie chez mon amie Marie-Ange, présidente du Cercle Verhaeren, si des fois cette Colette Cambier ne serait pas de souche Renaisienne. Confirmation.
De la branche Cyr Cambier.

C’est l’histoire d’une famille qui…

Bien Colette
mais d’abord
je vais m’offrir
un brin
de clarinette.


Avec, si vous le permettez ‘Les Tropismes’ de Claude Sarraute, ‘Les belles âmes’ de Lydie Salvaire, ‘Le Tramway’ de Claude Simon.

Mais au fait, que devient Philippe Toussaint? ‘La salle de bain’ : une petite merveille. Même qu'il m’a inspiré la structure d’un roman en cours de travaux. Au nom du père.

‘Bon, tu te décides? Goncourt ou Renaudot? Faut choisir, pas moisir.’

Il se fait tard. Je quitte Lille et son Furet. Je repasse la frontière des nations et des cultures. Retour au pays de Tintin & Milou. C’est beau, ma ville la nuit. Avec ou sans Virginie Despentes dans les bras. (Oublions Cathérine Millet).

‘La Vie en Prose’. ‘Journal Intimide’. Copyright Stef Vancaeneghem.