07 december 2007

LA VIE EN PROSE


‘Peut-être qu’avec un coup de bol je pourrais….’
Dans son regard il y a les étoiles filantes qui feront qu’un jour elle posera ses petites fesses tout près de celles d’Olga, la célèbre chienne de Michel Drûcker.

Meilleure jeune.
Meilleur second rôle.
Meilleure actrice.
Actrice de l’année.
Consécration d’une carrière.
Voilà le parcours que déjà je me rêve pour elle.
Elle a tout pour. La rage de se venger d’une vie qui déjà lui a volé à jamais ce qu’elle avait de plus cher. La rage de conjurer le sort. Le courage de partir à zéro. De monter à Paris. D’escalader toutes les marches, sans tapis rouge. Vélo, métro.
‘Je démarre dans un film sur Coluche.’
Petite sourire espiègle.
‘Comme figurante’.
Son regard me cherche. Pour voir.
‘Vas-y ma pitchounette’, je lui dis. ‘Il n’y a pas de sots boulots. Ha, tu verras.’
On se met à la fredonner à nous deux, cette rengaine de Nougarou. Il est seize heures. Paris se gèle les coucougnettes.

C'est le temps de l'amour
Le temps des copains
Et de l'aventure
Quand le temps va et vient
On ne pense à rien
Malgré ses blessures


C’est le temps du chocolat chaud. Mais c’est triste du chocolat chaud avec ou sans Bécaud. Et puis ce diabolo-menthe nous rapelle bien des musiques sentimentales.
‘Hôtel de la Plage,’ je lui dis.
‘Un été de porcelaine’, qu’elle réplique.
Elle ‘se caste’ le cul pour y arriver. Fait toutes les auditions. Se tape Paris à vélo. De la Bastille vers partout. Par temps de grèves et de grêles.
‘Faut que je m’arrête là. Sinon je vais pêter les plombs. Je commence à…’
‘Vivre’, je lui dis.
‘Tu commences à vivre.’
Elle me fait le sourire que la France entière ne tardera pas à adorer. On se fixe rendez-vous à l’ombre du Palais des Papes. En Avignon. Elle y jouera tout le mois de juillet. Milk Shake Grenadine en perspective.
Elle repart. Déjà paillettes Parisiennes et gloire l’attendent. Frisson. Pourvu qu’on ne le lui vole, ce soleil qui embrase tout son univers.

****
‘Libraire’, répond Benoît Poelvoorde, ce Namurois qui a réussi à Paris. Mireille Dumas vient de lui poser la question ce qu’il fera quand les jours de gloire seront terminés.
‘Libraire anonyme. Loin des paillettes. Bien loin de Paris.’
Nouveau frisson. Je repense à la petite puce, à ses étoiles filantes. Et à tous les pièges de ‘la presse pipole’, comme ils disent ces sacrés Frenchies. Je me sers du Gabin, dans le casque du MP3. Pour me rassurer un peu.

La vie, l'amour, l'argent,
les amis et les roses
On ne sait jamais le bruit
ni la couleur des choses
C'est tout c'que j'sais
Mais ça, j'le sais…


’La vie en prose’. Journal Intimide.
Copyright Stef Vancaeneghem.