14 november 2008

LA VIE EN PROSE

‘De palier en palier, la relation entre moi et la quasi-totalité des médias de ce pays en est bel et bien arrivée à la haine totale, au sens où l’on parle de guerre totale (drôle de guerre au demeurant, où je suis desarmé; il serait plus juste de parler de guerre d’extermination totale dirigée contre moi).

Il est évident que ma mère n’intéresse personne, à part peut-être Florence Noiville, si elle est aussi bête qu’elle en à l’air. A travers ma mère c’est bien evidemment moi que l’on cheche à abattre, et je ne peux dorénavant plus me faire aucune illusion: tous les moyens seront bons, et il n’y aura pas de quartier.

La séparation entre domaine public et vie privée, entre l’homme et l’oeuvre? Tout ça est devenu trop compliqué, on ne s’embarasse plus de ces scrupules aujourd’hui.

J’éprouve je crois quelque chose d’analogue à ce que pouvaient éprouver les condamnés au Moyen Age quand ils étaient cloués au pilori. Le mot ayant été trop souvent employé, on a un peu oublié l’horreur de la chose. Le condamné était exposé sur la place publique, la tête immobilisée par un carcan de bois, les mains entravées, le visage à découvert; et chacun des passants pouvait le souffleter, cracher au visage, ou pire.’
Michel Houellebecq. Extrait d''Ennemis Publics’. Correspondance entre Michel Houellebecq & Bernard-Henry Lévy. Flammarion/Grasset.

‘La Vie en Prose’.
‘Journal Intimide’.