25 januari 2010

CHOCOMOUSSE

4.

Bécassine est ta cousine. A l’arrière de la Renault 5 on te fabrique ton petit univers de bonheur. Pour au moins quinze heures. Pose tes petits pieds en canard. C’est la chenille qui redémarre. Vallée du Rhône. Vienne n’est pas celle qu’on pense si bien connaître, des concerts Von Karajan.

Oh dis oh! nous hurle Nicoletta avec sa voix rauque. Comme si dans son coeur le soleil venait de mourir. Oh dis oh, qu’il fait chaud! Il n'est pas question d'airco.

RTL nous annonce encore une journée de canicule. Avec des pointes de 36°. Pensez à prendre la pause. Fiston Buté vous attend au tournant. Les sapeurs-pompiers eux la prennent, la pose. Ils te font hurler de rire. Avec leurs trompes bizarres qui te mettent de l’eau un peu partout.













Dès notre arrivée à destination tu t’inventes en coqueluche de la plage. Pour nous il y a danger partout. Toi tu t’en fous tu ne le vois pas. Tu t’éloignes à chaque fois. Comme un petit crabe tu te diriges à reculons vers les petits bateaux si blancs. Tu nous fous les boules, dispairaissant mille fois.

A la piscine tu nous fais oublier pour quelques instants de bonheur de la Grande Motte toute la laideur. Amas de fausses pyramides en béton. Termitières où se remettent les victimes des restoroutes Borel. Dehors se monte pour ce soir le podium, dedans se font attendre les premiers effets de l’Immodium.

Les étoiles ne sont plus ce qu'elles nous promettent. Dans cette Résidence de Vacances **** comme ils l’appellent, ils sont plus de deux mille. Mais je ne vois que tes yeux. La vie nous a soudés l’un à l’autre. Et dans mes songes je te vois déjà t’éloigner de tout ça, à petits pas.

Sur nos bras tour à tour ta maman et moi, on t’emmène voir Le Grau du Roi. Tous ces endroits où est passé l’ écrivain Américain que l’ on nomma Papa. Avec ces bitures, ses corridas, ses fêtes sans fin et sans joie. Tu me dis ‘beau papa’. On te montre Les Saintes- Maries. Et puis la ville forteresse d’ Aigues-Mortes. Les moustiques te piquent. Dans ta petite chambre tu n’aimes pas trop les odeurs de cette plaquette Vapona qu’on te fait balancer au-dessus de toi. Pour toi la vie va commencer. C’est Johnny qui le dit. Le vent du Vaccarès fait onduler ta petite robe Dujardin. Ah qu’on est bien dans ce grand jardin. Des Flamants Roses tout près de toi se posent. Le fier gitan au regard si noir te montre ses vachettes. On dirait le sud, le temps dure longtemps, la vie sûrement plus d’un million d’années et toujours en été.

Le port brille de mille étincelles. Tu t’écroules dans la petite chaise accrochée au bout de la table. Il se fait tard pour un petite pitchoune de ton âge. Mais il est tout à fait impensable de te laisser dans la nurserie. Tu t’accroches à la lune qui est là et que le soleil ne voit pas. Tu nous souris et tu rêves. Sous quelle étoile es-tu née, petite fée? J’en suis encore à me le demander. Le long du petit chenal ta maman te raconte la vie les petits poissons et puis dodo.

Demain on ira suivre d’autres chemins. En attendant qu’est-ce ce qu’on est bien. On voudrait que le temps s’arrête. Il le fait. Ton papa se meurt de vouloir avaler de sa dorade les arêtes. Tu te fais toute triste. Ce n’est rien ma puce, ta maman me tape dessus et me sauve la vie. Un monsieur noir en tunique toute blanche te propose des guimauves. Non merci il se fait très tard, il faut qu’on se sauve.

‘Chocomousse’.
Roman.
Copyright Stef Vancaeneghem